Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monseigneur, monsieur de Montbrun m’a adverty qu’il
2a receu une lettre de monseigneur l’admirail par laquelle
3il le prye retarder l’execution du capitaine Beaufort
4tant qu’il pourra, et cependant le prye le
5vouloir advertir à la verité du merite de la cause.
6J’ay pareilhemant esté adverty que mondit seigneur
7l’admirail vous a escript de ce mesme faict,
8mays s’il vous a pryé luy en fayre entendre
9la verité, c’est tout ce que je dezire, vous
10estimant tel seigneur que vous ne voudryés
11desguizer une choze de telle importance, m’asseurant
12aussy que monsieur de Montbrun n’en fera pas moingz.
13J’en avoys jà escript à mondit seigneur l’admirail,
14non pas de la prinse dudit Beaufort, d’autant
15que cela n’estoyt encores avenu, mays bien
16de ma juste poursuyte pour le meschant
17et desloyal acte dudit Beaufort, jusques à en
18avoir faict doner ung arrest. Mays je suys
19asseuré que mes lettres ne luy ont esté randues,
20et que au contraire, le faict luy a esté du tout
21desguizé. Vous cognoissés le seigneur et savés
22trop mieulx comme il voudroyt favorizer une
23meschanseté. Je m’asseure que s’il en sayt la verité,
24la faveur que celuy quy l’employe aura de luy sera
25de le bien fère chastier par justice. Je vous suplye
26très humblement, monseigneur, luy en fère entendre la
27vérité comme vous l’avés peu cognoistre, non seulement
28par ma pleinte, mays encores par actes sufizantz
29d’en avoir faict doner ung arrest, et luy remonstrerés
30[v°] s’il vous playt, le mal quy peult avenir sy pour
31la faveur des Grandz, l’injure faicte à ma filhe
32et par consequant à toute sa race, demeuroyt impunye.
33J’antens quant à l’amande et reparation ordonée par
34la court, car quant au banissemant et autres
35chozes, je ne puys, et sy ne voudroys, empecher
36une grasse. La consequance de telles graces ne
37me touche, non plus que aulx aultres. Au reste,
38monseigneur, je vous escripvis, après la prinze
39dudit Beaufort, d’ung Guascon quy est chargé des
40meurtres et assassinatz quy ce sont faictz sabas
41pour le faire prandre. Mays cinq ou six jours
42après Dieu, pour son peché, le fit revenir en ce lieu
43où je le saizis moy- mesmes au colet avec
44mon beau-frère quy est seigneur de Piegon ; et bien
45tost après j’ay forny monsieur de Montguers,
46juge ordinère dudit Piegon et tenant le lieu
47de vy-bailhif comme plus entien advocat du Buys,
48de sufizantes informations pour mener ledit Guascon
49à la question, quy seroyt ung grant bien pour
50descouvrir la bande de tant de meschans guarnimens.
51Mays la justice est sy froide en ce peys, que
52sy vous et messeigneurs de la court ne les
53eschaufés par exortations et comandemans, je ne
54doubte que nous tunberons à ce maleur, comme quy
55aura mal son deu. Mondit frère de Piegon
56et moy avons requis il y a plus de troys sepmeynes
57et par plusieurs foys ledit sieur de Montguers et le
58sieur de La Bastide, lieutenant de monsieur de Chastelar
59[f° 141] au Buys, de nous envoyer quelques sergens ou autres,
60en les bien payant pour conduyre ledit Guascon
61aux prisons du Buys, pour estre plus seur de là
62luy former son procès, mays il n’y a heu
63ordre et ledit de La Bastide s’escuse, disant qu’il
64n’a point d’archiers soubz luy. Le doubte que
65j’ay que ledit Guascon esvade cependant me
66faict vous en escripre, afin qu’il vous plaise
67par le premier venant par-dessà en escripre
68aux susditz. Et pour fère fin à ma lettre, je vous
69suplieray très humblement croyre que je seray
70tousjours bien prest à recepvoir voz commandemantz,
71pour y obeir d’aussy bone volunté que je prie Dieu,
72Monseigneur, vous meintenir en bone santé,
73me recommandant très humblement à votre bone grace.
74De Piegon, ce IIIIme aoust 1572.
75Votre très humble et très obeissant
76serviteur à jamès
77Pontays